« Nous commençons maintenant ». Un grand chantier au Carmel de Bangui
Nouvelles du Carmel de Bangui n ° 30, le 28 Septembre 2021
« Il faudrait toujours considérer que l’on est comme un fondement par rapport à ceux qui viendront dans la suite. Que chacun s’engage à devenir une pierre si forte pour élever le bâtiment. Et le Seigneur l’aidera… Nous commençons maintenant. Efforçons-nous de commencer toujours, et d’aller sans cesse de bien en mieux». Ces paroles sont tirées du livre des Fondations écrit par Sainte Thérèse d’Avila, la Madre du Carmel réformé. Cette femme, infatigable et passionnée, savait bien de quoi elle parlait. Dans l’Espagne du XVIème siècle, en l’espace de vingt ans, avec peu de moyens et beaucoup de difficultés, elle réussit à fonder jusqu’à seize monastères.
Après avoir écouté ces lignes de la Madre – et non sans quelque émotion –nous avons finalement posé la première pierre du nouveau couvent au Carmel de Bangui, le 16 juillet dernier, à la fin d’une célébration eucharistique présidée par le cardinal Dieudonné Nzapalainga. Un moment attendu depuis longtemps, une journée historique pour notre mission en Centrafrique et un événement qui nous a permis, une fois de plus, d’élever une hymne de gratitude à Dieu qui nous a appelés à travailler dans sa vigne, dans ce coin perdu au cœur de l’Afrique sur les rives du fleuve Oubangui.
Effectivement, ce n’est pas fréquent de construire un nouveau couvent. Normalement, et surtout sous d’autres latitudes, les couvents sont déjà construits, souvent depuis des siècles. Et on est plutôt obligé de les fermer parce qu’on ne dispose pas de frères pour les habiter. Dans ces régions, en revanche, les couvents sont à construire et, heureusement, il ne manque pas de frères pour les habiter.
La grande concession où nous sommes maintenant, à la périphérie de Bangui, fut achetée en 1998 en vue de la fondation d’un monastère de Carmélites Déchaussées. Malheureusement, nos sœurs n’ont pas encore été en mesure de nous rejoindre. Bien que nous attendions toujours leur arrivée, nous avons décidé en 2006 d’ouvrir une maison à nous, en adaptant des bâtiments existant. Pendant ce temps, la ville de Bangui s’est étendue jusqu’à notre Carmel. Notre famille aussi s’est agrandie. Et contre toute attente, notre couvent, qui n’est pas une paroisse, est devenu de plus en plus un point de référence pour beaucoup, si bien qu’ils ont appelé Carmel le quartier qui s’est formé autour de nous. De 2013 à 2017, pendant la guerre qui a frappé la Centrafrique après un coup d’Etat, des milliers de réfugiés, fuyant les quartiers les plus touchés par les combats, ont pu sauver leur vie en trouvant refuge au Carmel. Cela a été pour notre communauté un moment particulièrement fort qui nous a permis de partager les souffrances d’un pays qui lutte depuis des années pour trouver la voie de la paix et du développement. Au fil des années, les demandes d’hospitalité ont augmenté aussi et, de plus en plus de fidèles participent à la célébration de la Messe dominicale. En 2013, la communauté a accueilli le studendat, c’est-à-dire l’étape de la formation des séminaristes autochtones, qui vient après le noviciat. Puis, en 2020, une école agricole a ouvert ses portes en profitant d’un grand terrain disponible.
Tous ces événements nous ont donc obligés à repenser notre présence sur place et à créer des structures appropriées pour répondre aux besoins de formation des séminaristes, aux demandes d’accueil, et surtout à la nécessité d’offrir à nos fidèles un lieu digne pour prier. En effet, nous n’avons pas de véritable église. Les célébrations du dimanche ont lieu sous un hangar en tôles, situé dans une cour, trop petite pour accueillir tous les fidèles.
Après un long et patient discernement, nous avons finalement décidé de construire, dans une autre zone plus élevée de notre propriété, une structure complètement nouvelle, plus large, plus belle et plus conforme à la tradition du Carmel. Le complexe se compose de trois grands ensembles : 1. Un couvent à deux étages autour d’un grand cloître avec tous les espaces nécessaires à la vie commune: vingt chambres pour la communauté, cinq pour les frères de passage à Bangui, un réfectoire, une cuisine, une bibliothèque, une salle de chapitre, une salle de récréation, une salle de conférences, une buanderie, deux parloirs et une petite boutique; 2. une hôtellerie de quinze chambres avec un petit réfectoire et une salle commune ; 3. une grande église qui sera dédiée à la Vierge du Carmel.
Actuellement, le chantier pour la construction du premier ensemble, c’est-à-dire le couvent, est en pleine activité, et nous espérons pouvoir y habiter avant la fin de l’année prochaine. Il s’agit, comme vous pouvez bien l’imaginer, d’un projet ambitieux, particulièrement coûteux et qui nous occupera pendant quelques années. En effet, en Centrafrique, les matériaux de construction sont particulièrement chers parce que presque tous importés. Nous n’aurions pas eu le courage de nous lancer dans cette aventure sans l’encouragement de beaucoup d’amis qui, conscients de nos besoins pour accueillir les jeunes séminaristes, les hôtes et surtout nos fidèles, étaient déjà au courant de ce désir et du projet en cours. Qu’il nous soit permis de les remercier de tout notre cœur.
Maintenant, nous nous permettons humblement de frapper à votre porte et de faire appel à la générosité de chacun de vous pour que l’œuvre commencée puisse être terminée. Il n’est pas facile de construire quelque chose de si vaste et complexe. Et je ne cache pas que, quand je visite le chantier, il m’arrive parfois de m’inquiéter un peu. Est-ce que nous sommes en train de faire la bonne chose? Allons-nous y réussir ? Ne risquons-nous pas de devoir abandonner la construction en cours de route? N’aurait-il été mieux de construire une école ou bien un hôpital au lieu d’un couvent et d’une église?
Mes inquiétudes se dissipent pourtant quand je pense à mes confrères centrafricains pour qui nous construisons cette nouvelle maison et qui seront appelés à poursuivre le travail des premiers missionnaires italiens arrivés ici il y a cinquante ans. Ensuite, je pense à nos fidèles et à toutes les personnes qui pourront rencontrer le Seigneur dans ce lieu, écouter sa Parole, recevoir sa Grâce et prier avec une communauté de frères. Je pense, et surtout je vois, nos ouvriers au travail sur le chantier de construction, heureux de construire, jour après jour, quelque chose de beau, de grand et probablement d’unique pour la ville de Bangui. Je pense aussi à vous, toujours prêts à soutenir toutes nos initiatives, confiants en ce que nous faisons depuis de nombreuses années pour ce pays et pour cette église, capables de nous insuffler plus de courage que vous pourriez l’imaginer. Je pense à Sainte Thérèse et à l’invitation adressée à ses filles et ses fils de commencer maintenant, de commencer toujours, afin d’être une fondation solide pour ceux qui viendront après nous. Parce que la construction d’un homme, d’un chrétien, d’un frère est beaucoup plus difficile et exigeante que la construction d’une maison, d’une église, d’un couvent.
Et puis je pense à Dieu et à sa Providence. Toute peur disparaît alors, parce que «si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain». S’il nous a permis de commencer, il nous donnera aussi son aide et sa bénédiction pour nous permettre d’aller jusqu’au bout, et pour que ce lieu puisse devenir toujours davantage une parcelle de son grand Royaume.
Avec amitié et reconnaissance
Père Federico et les frères du Carmel de Bangui
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Si vous souhaitez apporter une contribution à la construction du nouveau couvent et de la nouvelle église, vous pouvez faire un virement bancaire sur le compte IT42D0503431830000000010043 (SWIFT: BAPPIT21501) en indiquant : Nouveau couvent et nouvelle église Carmel de BanguiPlus d’informations sur le site : www.amiciziamissionaria.it/donazioni.aspx
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