A l’image du charisme de la fondatrice de sa communauté ( Sainte jeanne-Antide de Thouret), notre amie Soeur Elvira a crée à Berberati (Centrafrique) l’ONG KIZITO en 2001, dédiée aux enfants sans parents, livrés à eux-mêmes comme aux dangers de la rue.

Sa conviction est que « la famille et seulement une famille peut répondre au processus normal d’évolution de la personnalité d’un enfant ». Elle a fondé une fraternité de couples et a formé ces familles à recevoir en leur sein des enfants qui n’ont pas ou plus de parents.

La plupart des enfants accueillis sont en difficulté d’apprentissage et d’insertion sociale. Pour cela, l’ONG KIZITO pour répondre au problème des mineurs abandonnés sur la rue et souvent en conflit avec la Loi, a opté pour l’accueil dans des familles centrafricaines formées au préalable. 

Elle a également bâti un centre de formation professionnelle pour ces jeunes.
Face à l’adversité aujourd’hui comme hier, Soeur Elvira doit redoubler de force, de courage et de persévérance.


LE PROJET KIZITO : qu’est-ce que c’est ? Comment est-il est né ?

Réponse de Sœur Elvira:

Apres dix ans passés au Tchad, un an au Cameroun, en septembre 2001 je suis envoyé à Berberati en République Centrafricaine. L’Evêque m’a confié la responsabilité d’un centre Culturel : unique point de repère pour les jeunes de la ville, en particulier les 1.700 élèves d’un Lycée situé juste en face du centre Culturel connu plus simplement comme : C.C.C. ( centre Culturel Catholique).
Bibliothèque, Conférences, débats- Spectacles- Soutien scolaire, formations à tous les niveaux .…
Apres 2/3 mois, donc fin décembre 2001, mes premiers collaborateurs au C.C.C. m’invitent à sortir la nuit avec eux. C’est ce que j’ai fait et …la surprise, le choc était trop fort : beaucoup d’enfants se promenaient encore dans des heures tardives, ou bien dormaient devant la porte d’un magasin sur un morceau de carton, où sur les tables du marché.
Une nuit des cris d’enfant venant d’une petite case en plein marché, attire notre attention. Nous nous sommes approchés : un adulte profitait sexuellement d’un enfant.
Mes collaborateurs étaient des jeunes papas…ma sœur, maman,papa…j’ai faim, je voudrais aller à l’école, je suis orphelin, je suis accusé d’être sorcier, le nouveau mari de maman me tape beaucoup…rester à la maison est impossible, je souffre trop…j’ai préféré venir vivre sur la rue…
Impossible de fermer les oreilles et le cœur aux cris de ces enfants !

Nous restons avec eux, nous les écoutons, nous allons manger ensemble chez les mamans qui préparent quelque chose sur la route, des petits « restaurants » là où les enfants lavent les assiettes et mangent les restes des clients.

Nous avons décidé de ne jamais donner une piécette d’argent, mais les avons invité à nous rejoindre le lendemain au centre Culturel. Beaucoup sont venus. La relation s’est approfondi, nous avons commencé à aller dans les quartiers pour vérifier la véridicité de la version donnée par les enfants. 

Voilà ce qu’il faut : une FAMILLE ! C’était le défi lancé et accueilli par 4, puis 6 couples pour démarrer une formation. Petit à petit une Fraternité de Couples est née, les premiers 10 enfants accueillis dans les familles respectives : difficultés et joie partagées.

En mai 2007 une initiative s’est ajoutée à l’accueil dans les familles : un centre de Formation agricole artisanal pastoral. Les adolescents ont toujours leur famille d’accueil mais, par des raisons particulières,plutôt que l’insertion dans les écoles publiques et « classiques », suivent 3 ans de Formation dans ce centre nommé : « Sara mbi ga zo » aide-moi à devenir un homme – aide moi à réussir ma vie. Alphabétisation, travaux champêtres, menuiserie, mécanique, cordonnerie, couture, élevage, activités sportives et récréatives…rythment les journées au centre.
A la fin de la formation, chaque enfant reçoit 2 hectares de terre cultivable et cherche à se rendre progressivement indépendante. 
L’intuition éducative de l’Accueil dans les familles du lieu nous donne la joie et la conviction d’avoir pris le problème à la racine.

Bien des enfants ou adolescents qui quittent des bandes Armées s’adressent aussi à Kizito pour trouver une Alternative et reconstruire leur vie.