L’idée principale du projet, c’est ce qu’une maman rwandaise a porté dans son coeur pendant un certain nombre d’années : Elle estimait qu’il n’est pas bon qu’il y ait des enfants sans mère. Elle s’est ainsi offerte généreusement, sans compter les possibilités matérielles. Elle était convaincue de pouvoir donner ce qu’une maman donne à ses enfants, son amour, son affection, et non pas, au premier abord, des choses matérielles. Elle se disait : ” être maman pour mes 3 enfants, ce serait gaspiller ma maternité”. Il faut préciser que Kayitesi Liberata était restée seule rescapée du génocide contre les tutsi , toute sa famille ayant été décimée.

Quatre idées ressortissent de cette inspiration de Liberata :

1) La maternité élargie à tous les enfants sans parents. Le principe est que chaque enfant doit avoir un père, une mère.

2) Devenir vraiment parents: il n’est pas du tout question de se comporter en bienfaiteurs, mais de prendre la responsabilité à l’égard de ces enfants. Voilà ce que pensent les parents : “Nous vous donnons notre parole: nous nous engageons à être pour vous des personnes-parents, comme si vous étiez nos propres enfants”.

3) Compter sur la Providence: Libereta était pauvre, nous aussi nous n’avons aucune ressource matérielle. Nous sommes 5 et tous fragiles économiquement. Cela nous demande de nous abandonner à la Providence. Parfois je me demande si ce n’est pas une folie, une aventure trop irrationnelle, mais c’était cela l’esprit de cette femme super courageuse. Elle qui était très intelligente, elle ne voulait pas faire des calculs, elle avait un esprit d’abandon très développé.

4) Nombre illimité: Liberata disait ” tous les enfants en besoin de parents”.

Voilà quelques principes sur lesquels l’action est fondée. A la suite de la mort accidentelle de Liberata, ses amis proches ont pris la relève dans le même esprit, convaincus que l’expérience familiale vécue par elle devait être poursuivie parce qu’elle était possible et profondément bonne. Un cercle de parents référents s’est ainsi dessiné autour d’une autre maman, Adèle, qui a accueilli à son tour chez elle six jeunes filles : Joséphine, Divine, Jacqueline, Marie-Claire, Julienne, Chantale. Chaque membre de la famille contribuent à la mesure de ses moyens à la subsistance des enfants. Le conseil de famille, constitué en association pour les besoins de la cause, a souhaité acquérir une maison qui soit un « centre de ralliement sûr pour tous et pour chaque enfant. L’association José del Río, en lien étroit avec le projet Liberata, a aidé cette année à l’achat de la maison de famille.

La vie de la « Famille Icyizere, chaque enfant ait une figure de parent » Famille Libérata Kayitesi

Par le Père Edouard Sinayobye ( Butaré, Rwanda)

Depuis la fin du génocide contre les Tutsi au Rwanda, une femme exceptionnelle, Kayitesi Liberata, rescapée du génocide, a vu toute sa famille décimée dans la tragédie. Il lui restait comme famille ses trois enfants : deux filles et un garçon. Elle était enseignante à l’école primaire. Son métier d’enseignante lui a permis d’avoir des contacts avec des orphelins en situation précaire : sans parents, sans abris, sans référence, sans défense.  Elle a senti la vocation d’élargir sa maternité à tous les enfants orphelins qui auraient besoin d’une figure de parents. Elle a alors accueilli, depuis 2005, quelques filles orphelines chez elle. Ces enfants devenaient, dans son cœur, comme ses propres enfants. C’est l’origine de cette famille qui porte son nom actuellement. « Famille Icyizere, chaque enfant ait une figure de parent » Famille Libérata Kayitesi

Installation de la famille dans la nouvelle maison 

Quand nous avons commencé l’expérience de la Maison-famille en 2013, nous n’avions pas de maison. Une personne généreuse nous avait prêté provisoirement une petite maison. On avait donc un grand besoin d’avoir notre propre maison. Très providentiellement, un membre de l’association José del Río, qui était venu en visite au Rwanda et a rencontré la famille, eut l’idée de nous chercher l’argent pour l’achat d’une maison. La famille s’est immédiatement transférée dans cette nouvelle maison en 2015. C’est une maison qui a 4 chambres, des toilettes et douches à l’intérieur, une salle à manger et un salon. En outre, elle a un annexe derrière qui a deux chambres, une cuisine et toilettes à l’extérieur. Cette petite maison en annexe est habitée par Emilienne Nyinawintwari, veuve, rescapée du génocide contre les Tutsi, restée toute seule au monde après avoir perdu tous les siens.

La famille comprend les membres résidents qui sont Adela Mukamazimpaka qui est agée de 60 ans, veuve, et qui reste au milieu de 6 enfants. La famille comprend aussi Madame Emilienne Nyinawintwari qui habite dans la maison en annexe. Elle aussi fait partie de la famille.

Les autres parents directs sont : Abbé Edouard Sinayobye, Madame Gerturde Mukamazimpaka, et un couple de Jeanne d’Arc et Fidèle Ndizihiwe. Les parents suivent de près la vie des enfants.

D’autres parents qui le veulent et qui partagent le même esprit peuvent nous rejoindre dans la prise en charge des enfants orphelins, à titre de parents à distance. La famille est ouverte à tout enfant orphelin et qui a besoin des figures de parents, selon l’esprit de Kayitesi Liberata.